Les symboles ont le pouvoir de transcender les mots, les récits, les croyances et les émotions. Ces symboles, bien que façonnés par des contextes culturels et historiques distincts, véhiculent un langage commun de paix, de respect et de souvenir partout dans le monde. Du célèbre coquelicot rouge à la grue de la paix du Japon, chaque symbole occupe une place unique dans l’hommage rendu aux victimes de la guerre et de l’adversité. La traduction dans différentes langues d’œuvres emblématiques telles que « In Flanders Fields » (« Au champ d’honneur » en français) montre notamment que, malgré les barrières linguistiques, l’esprit de paix et de réflexion peut susciter une compréhension universelle.
Le coquelicot rouge : symbole du souvenir dans le Commonwealth
Le coquelicot rouge, emblème aujourd’hui reconnu de par le monde, trouve son origine dans les champs dévastés des Flandres, en Belgique, où les coquelicots ont fleuri malgré des ravages de la Première Guerre mondiale. En vertu de son lien avec le célèbre poème « Au champ d’honneur », écrit par le lieutenant-colonel John McCrae, cette fleur est devenue un puissant symbole dans les pays du Commonwealth, en particulier le jour du Souvenir. Les vers du poème, « Au champ d’honneur, les coquelicots sont parsemés de lot en lot auprès des croix », saisissent la beauté et le caractère tragique des vies perdues au champ de bataille.
Pour beaucoup, le port du coquelicot est un acte de respect qui symbolise à la fois le sang versé et la résilience des soldats. Le pouvoir de ce symbole va cependant au-delà de la traduction littérale; l’image et la signification sont véhiculées dans toutes les langues.
Source: CBC
Le bleuet de France : un hommage français à la résilience et à la guérison
En France, le bleuet joue un rôle semblable à celui du coquelicot rouge, mais il tire ses origines de la résilience des personnes touchées par la guerre. Dans les années 1920, les anciens combattants en convalescence ont créé des insignes en forme de bleuet pour subvenir à leurs besoins, une pratique qui, au fil du temps, a fait naître un emblème national du souvenir.
Le bleuet est devenu une métaphore illustrant à sa manière la jeunesse et la guérison, des qualités qui représentent la force et l’espoir des soldats, dont beaucoup étaient jeunes au moment de partir au combat. En outre, la couleur du bleuet concorde avec l’une des couleurs nationales de la France, ce qui ajoute une dimension patriotique à sa signification. Comme le coquelicot, il s’appuie sur l’interprétation visuelle et évoque les thèmes universels de l’honneur et de la résilience.
Source: Wikipedia
La grue de la paix du Japon : symbole d’espoir et de réconciliation
La grue en origami, traditionnel symbole de paix et de chance, a pris une nouvelle signification au lendemain des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Inspirée de l’histoire de Sadako Sasaki, une jeune fille qui a tenté de créer un millier de grues en origami en guise de prière pour guérir des séquelles de l’irradiation, la grue de la paix est devenue un symbole mondial de la volonté de mettre fin aux guerres et de militer pour la paix.
Aujourd’hui, des millions de grues en papier sont fabriquées chaque année, partout dans le monde, en mémoire des victimes de la guerre et en faveur d’un monde sans armes nucléaires. L’histoire et la signification de la grue de la paix nous rappellent que les symboles ne doivent pas nécessairement avoir un lien visuel direct avec la guerre pour véhiculer une aspiration universelle à la paix et au souvenir.
Source : Sanctuaire du Souvenir
La traduction de « In Flanders Fields »
Dans la traduction poétique, en particulier celle d’œuvres aussi emblématiques que « In Flanders Fields », le défi réside non seulement dans l’art de choisir les mots appropriés pour rendre le sens du poème d’origine, mais aussi dans la capacité de saisir le ton et la sensibilité émotionnelle. Chaque vers du poème de McCrae, qui a été traduit dans de nombreuses langues, doit conserver le délicat équilibre entre tristesse, fierté et appel au souvenir.
Une traduction littérale risque d’estomper certaines des qualités rythmiques et émotionnelles du poème. En traduisant « In Flanders fields, the poppies blow », par exemple, on pourrait s’interroger sur le choix des mots les plus évocateurs pour « blow », puisque l’expression anglaise d’origine a un double sens de mouvement et de délicate présence.
Les symboles mondiaux du souvenir
Même lorsqu’ils sont propres à un pays ou à une culture, ces symboles trouvent un écho dans le monde entier en raison de leurs thèmes universels de perte, d’espoir et de résilience. Voici quelques autres symboles provenant de divers pays :
Le coquelicot blanc (Royaume-Uni et Canada) : symbole de la paix sans violence, le coquelicot blanc peut être porté au lieu du coquelicot rouge, pour prôner la résolution pacifique des conflits. Largement moins adopté que son homologue rouge, il encourage pourtant la réflexion sur la volonté de prévenir les guerres.
Source : La Voix des femmes canadiennes pour la paix
Les Stolpersteine (Allemagne et Europe) : ces « pierres d’achoppement », petites plaques de laiton encastrées dans les trottoirs, marquent les dernières résidences connues des victimes de l’Holocauste.
Source: The Guardian
Le myosotis (Arménie) : portée en souvenir des victimes du génocide arménien, cette fleur représente l’esprit et la mémoire immuables des personnes qui ont souffert.
Source: Wikipedia
La puissance des symboles : au-delà des mots et des frontières
Si le langage fait partie intégrante de notre façon de communiquer, les symboles offrent un mode d’expression différent. Grâce au coquelicot, au bleuet de France, à la grue de la paix et à d’autres symboles, l’essence du souvenir n’a pas besoin d’être expliquée verbalement.
Les symboles traduisent visuellement les valeurs fondamentales auxquelles adhèrent les cultures du monde entier : rendre honneur à celles et ceux qui nous ont précédés, reconnaître la douleur et la perte causées par la guerre et chérir l’espoir d’un avenir plus pacifique.
Lorsque nous affichons ces emblèmes, que ce soit en portant un coquelicot le jour du Souvenir ou en fabriquant une grue de la paix en origami pour Hiroshima, nous participons à une commémoration universelle qui nous rappelle notre humanité commune et l’importance d’œuvrer en faveur d’un monde pacifique.