En tant que traductrice, c’est avec beaucoup d’appréhension que j’aborde les textes qui traitent d’Internet ou de réseaux sociaux. Dans ces domaines qui évoluent à toute allure, en anglais bien sûr, on a l’impression de toujours courir après la traduction exacte. Et dès qu’on trouve le mot juste, il semble que la technologie évolue pour nous bombarder de nouveaux termes.

L’Office québécois de la langue française fait un travail remarquable à cet égard. Je me demande souvent combien de personnes passent leurs journées à se lancer des néologismes et des mots-valises pour arriver aux nombreux termes proposés.

Ma base de données de référence, La banque de terminologie du Québec, illustre bien ce foisonnement d’idées. Pour traduiretag, par exemple, on a proposé les termes baliseétiquetteferret et codet. Au bout du compte, c’est balise qui est resté.

L'oiseau de Twitter
Le mot courriel, un succès incontestable, ne s’est pas non plus imposé du jour au lendemain. Créé dans les années 1990, adopté par la presse québécoise en 1996, il a vite remplacé l’e-mail au Québec. Ce n’est cependant qu’en 2003 que le Journal officiel de la République française l’a reconnu. Il a fallu attendre encore quelques années avant de le voir apparaître dans des magazines comme le Monde ou l’Express.
Aujourd’hui, en France, son usage reste encore cantonné à la presse, alors que le langage courant privilégie toujours lemail. On se console en sachant que les gens le lisent et connaissent sa signification. L’adoption complète viendra sans doute le jour où ce moyen de communication sera supplanté par le tweet.

Là, ce n’est pas gagné. Un livre de Bernard Pivot, ça fait école. Or, son plus récent ouvrage, un recueil de microbillets, s’intitule « Les tweets sont des chats ». En entrevue, M. Pivot fait référence au gazouillis, mais il conjugue allégrement le verbe tweeter.

On ne peut lui en vouloir de promouvoir ce nouveau genre littéraire en publiant des billets soignés, exempts d’abréviations et de fautes d’orthographe, mais il faudra sans doute s’incliner devant son choix terminologique… jusqu’à ce qu’une autre technologie vienne remplacer celle-ci.

Encore une fois, on constate que le Québec fait figure de précurseur quand il s’agit de faire évoluer la langue rapidement. En collaboration avec ses homologues de la francophonie, l’OLF propose toutes sortes d’idées (certaines plus heureuses que d’autres), mais surtout, ses suggestions trouvent oreille attentive chez les journalistes. Radio-Canada et la presse écrite font en effet un travail de diffusion remarquable, qui normalise l’emploi de termes tels que clavardageblogue ou rétrolien.

C’est ainsi que nous pouvons tout naturellement naviguer sur un nuage en gazouillant, sous l’œil attentif d’un démon.

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